Voix de femmes Mahoraises

Voix de femmes mahoraises

En ce 8 mars 2024, Journée internationale des droits des femmes, le Groupe Citadelle, opérant sur les 5 régions et départements d’outremer, fait le choix d’ amplifier les voix de six collaboratrices de Mayotte. Celles-ci se distinguent par leur professionnalisme et surtout leur résilience dans un contexte particulièrement éprouvant. Malgré la violence endémique, l’insécurité, et le manque d’eau potable, ces femmes font preuve d’une force inspirante, portant haut leurs ambitions pour Mayotte. À travers leurs témoignages, nous mettons en lumière les défis uniques auxquels font face les femmes à Mayotte, tout en célébrant leur détermination et leur solidarité.

 

Hazanati Ahamadi, Assistance commerciale

“Je défends l’avenir de Mayotte avec détermination”

Je suis secrétaire commerciale dans le Groupe Citadelle depuis une vingtaine d’années. Le poste que j’occupe actuellement me convient car j’ai une préférence pour les tâches administratives. 

En ce moment, je vis au jour le jour car la situation à Mayotte se détériore. Nous avons tous été affectés par la crise de l’eau, avec des coupures d’eau fréquentes. Acheter de l’eau est devenu un coût (10€ un pack d’eau environ). L’absence quotidienne d’eau a également eu un impact psychologique. D’un point de vue professionnel, pouvant aller au travail, au plus fort de la crise, j’ai dû m’absenter pendant uniquement 4 jours au total. 

Pendant les blocages, il était nécessaire de quitter la maison et le travail plus tôt pour éviter tout désagrément, ce qui a entraîné des changements d’horaires. J’ai persisté à me rendre au travail mais de nombreuses activités étaient suspendues. Aller au travail m’a également aidé à surmonter cette situation. 

Il est difficile d’être optimiste, mais nous sommes obligés de l’être, car c’est notre île. J’espère qu’un changement interviendra bientôt. Je garde espoir que les choses s’améliorent pour nos enfants. Dans cette optique, 

Mon message aux femmes mahoraises : Je veux promouvoir les études, je les encourage à ne pas se limiter à un diplôme de niveau Bac ou Bac +2. Il est primordial de viser haut. Je suis convaincue qu’une femme dynamique et capable de s’affirmer, peut réussir, même dans un environnement comme l’automobile, largement dominé par les hommes. Une femme déterminée a de réelles chances de réussite dans ce domaine!

 

Roukia Bacar, Magasinière comptoir

“J’ai espoir pour un avenir meilleur !”

Je travaille comme magasinière au comptoir de pièces détachées depuis 14 ans. Bien que j’occupe ce poste depuis longtemps, je reste engagée à suivre régulièrement des formations en vente pour continuer à me perfectionner.

Récemment, la situation à Mayotte a été extrêmement difficile. En effet, une grève a paralysé nos activités pendant plus d’un mois, ce qui a engendré des difficultés financières considérables car je ne pouvais me rendre au travail. Je pense que j’ai relevé ces défis comme la plupart des habitants de l’île. Nous n’avons pas d’autres options que de nous adapter. Par exemple, avant de partir au travail ou d’entreprendre toute autre tâche nécessitant de prendre la route, nous écoutons les informations pour être au courant des conditions. Nous espérons tous voir un changement significatif, en particulier en ce qui concerne la sécurité avec l’arrêt de la délinquance. C’est un obstacle majeur qui entrave notre capacité à travailler comme avant. Malgré cela, j’espère entrevoir un avenir meilleur.

Mon message aux femmes mahoraises : La femme mahoraise est battante et fière de préserver sa culture. Dans le domaine automobile, j’encourage vivement les femmes à explorer, à s’impliquer et à travailler sans hésitation. Personnellement, je trouve que c’est un métier enrichissant où je m’épanouis pleinement. Il ne faut pas hésiter à se lancer ! 

 

Yasmina Mabouroukou, Gestionnaire Garantie

“Je navigue les défis de l’île avec courage”

J’occupe le poste de gestionnaire garantie au sein du groupe Citadelle depuis 9 mois. Initialement, ce n’était pas ma vocation principale mais je me suis adaptée. Non seulement j’ai bénéficié d’une formation, mais les interactions avec mes collègues m’ont été précieuses. Au sein du Groupe Citadelle, il existe de nombreuses opportunités de formation continue dans divers domaines. Pour moi, saisir ces opportunités représente une chance de renforcer mes savoirs et ainsi accroître ma productivité. Actuellement, en garantie, je trouve mon travail extrêmement gratifiant. 

A Mayotte, nous subissons depuis quelques années maintenant. Ces derniers temps, chaque trajet pour se rendre au travail était un défi avec des barrages routiers fréquents et des risques de violence. Avant de sortir de chez moi le matin, la première étape est de consulter la page Facebook InfoRoute afin de vérifier les conditions de circulation.

En tant que mère, j’ai dû assurer l’école à domicile pendant un mois de confinement en février. A présent, l’activité reprend progressivement mais nous faisons face à une inflation considérable et à la fermeture de nombreuses entreprises, ce qui est inquiétant. En raison de l’insécurité et du coût de la vie élevé, les sorties et les loisirs sont devenus rares. En réalité, à Mayotte, nous nous efforçons de vivre pleinement durant la journée et malgré les défis, je reste convaincue que la vie ici est belle.

Mon message aux femmes mahoraises : Pour les jeunes femmes qui aspirent à travailler dans le secteur de l’automobile, il est essentiel de faire preuve de courage. Par exemple, je suis la seule femme dans l’atelier, ce qui demande une certaine détermination. En tant que femme, nous avons autant de capacités et autant de légitimité à travailler dans l’industrie automobile. Il faut être curieuse et volontaire dans un environnement majoritairement masculin, afin de réaliser ses ambitions.

 

Julia Voahirina, Gestionnaire recouvrement

“Malgré les difficultés, j’avais la volonté de rester active.”

Je travaille en tant que gestionnaire de recouvrement où j’en suis à ma sixième année. Récemment, j’ai été contrainte de télétravailler. Malgré les difficultés, j’avais la volonté de rester active. Mon moral n’était pas toujours au beau fixe, mais je me sentais obligée de continuer à agir.

L’insécurité persistante me pèse, on vit dans la crainte des agressions et des vols. Parfois, le bateau de la société a pu accoster, nous avons pu retourner au travail mais l’activité était calme. Nous avons également été confrontés à une crise de l’eau. La situation était critique dans mon quartier, nous avons été privés d’eau pendant un mois et demi, ce qui nous obligeait à chercher de l’eau ailleurs. Il faudra du temps avant que la situation ne se calme, et la peur persiste. Nous constatons déjà de nombreux départs de personnes quittant Mayotte. Il est légitime de se demander quelle sera l’approche du gouvernement pour faire face à cette situation dans les jours et mois à venir. Dans ce moment difficile, je considère le groupe Citadelle comme ma deuxième famille alors il faut donner le meilleur de soi. 

Mon message aux femmes mahoraises: Nous sommes quelques femmes dans mon service et fières de travailler en collaboration avec nos collègues masculins. Il est important que tout le monde adopte cette mentalité. Femme ou homme, il est essentiel de bien communiquer et de contribuer positivement à l’équipe. Allez-y, lancez-vous !

 

Adidja Hamdi Salam, Responsable Carrosserie

“Les femmes brillent dans l’automobile”

Je travaille dans le Groupe Citadelle depuis 2004 et je suis responsable carrosserie. 

Le problème d’accès à l’eau à Mayotte ne date malheureusement pas d’aujourd’hui et c’est regrettable. Il devient nécessaire de stocker l’eau pour boire, manger, se doucher… Aucune mesure n’est prise pour y remédier. La vie à Mayotte est difficile et il est compréhensible qu’il y ait des grèves pour revendiquer plusieurs problèmes dont celui de l’ insécurité. En revanche, tout est paralysé et cette situation est bouleversante. Je continue à travailler avec l’espoir que l’État nous écoute et que les problèmes liés à la délinquance et l’eau soient réglés. En résumé, nous vivons au jour le jour, en espérant que les problèmes d’insécurité soient résolus et que Mayotte progresse. Cependant, chaque matin, se lever pour aller travailler avec cette appréhension constante rend la vie difficile et l’avenir flou. 

Mon message aux femmes mahoraises : Dans le contexte actuel, il est crucial de saisir toutes les opportunités. Le domaine automobile dans lequel je travaille n’est pas exclusivement réservé aux hommes ; les femmes peuvent également réussir. Par exemple, dans mon service, j’ai observé que les femmes se distinguent souvent par leur organisation, que ce soit dans la gestion des déclarations de sinistre ou dans l’établissement de devis. Il est donc primordial de ne pas hésiter à découvrir le secteur automobile en tant que femme ; au contraire, c’est une opportunité à saisir !

 

Saida Saadi, Chargée d’accueil

“J’encourage les femmes à saisir chaque opportunité !”

J’ai 33 ans et ça fait maintenant 1 an que je travaille en tant qu’hôtesse d’accueil chez MMC Distribution. 

La délinquance est un problème majeur. Nous vivons dans l’angoisse en allant travailler le matin, car le danger peut surgir de n’importe où. Face à l’absence de solutions de l’Etat, notre seule option est de trouver un moyen de nous rendre au travail et d’assurer la sécurité de nos enfants sur le chemin de l’école. Heureusement, l’entreprise a réagi en mettant en place une navette pour faciliter les traversées quotidiennes par bateau. Nous devons nous adapter et nous y habituer à ce nouveau quotidien.

Personnellement, je constate qu’avec l’évolution actuelle des choses, il n’y a ni sécurité, ni protection, ni encadrement suffisant en matière d’éducation. La plupart des habitants préfèrent quitter l’île, car la situation devient de plus en plus difficile. Cette situation présente des défis complexes pour les générations futures. Nous sommes dans l’attente, espérant qu’un miracle se produise.

Mon message aux femmes mahoraises : Dans mon travail, j’ ai l’opportunité de m’occuper de diverses tâches : administratif, atelier, réception. Dès qu’une opportunité se présente, je saisis l’occasion. Mon conseil serait donc de ne pas hésiter à explorer diverses opportunités, même si cela implique de sortir de sa zone de confort. Il ne faut pas avoir peur ou penser que certains emplois sont réservés aux hommes. Les femmes sont tout à fait capables de les occuper, comme en témoigne mon parcours. Le lieu de travail est un espace propice aux échanges, où il n’y a pas de limites à ce que l’on peut accomplir. Ce dont nous avons besoin, c’est de briser les stéréotypes et d’encourager les femmes à foncer, à saisir ces opportunités.